Travaux de renaturation de la Cagne

Présentation du projet

Face au changement climatique, la ville de Cagnes-sur-Mer est fortement engagée et investie. Elle a notamment élaboré le Schéma directeur de renaturation de la Cagne en concertation étroite avec ses habitants. Un projet très novateur, adapté aux enjeux et une démarche environnementale exceptionnelle soutenue par l’Europe. Le programme concilie lutte contre les inondations du centre-ville, préservation de la biodiversité et la lutte contre le dérèglement climatique.

Le mot « renaturation » désigne les processus par lesquels les espèces vivantes recolonisent un milieu artificiel soit spontanément soit via un aménagement de restauration. La renaturation d’un cours d’eau désigne alors le retour à un état considéré comme « naturel ». L’exemple de la renaturation de la rivière Cagne au cœur de l’EcoQuartier Canebiers-Villette, montre que la reconquête des rivières urbaines permet d’améliorer la qualité environnementale du quartier en restaurant la continuité écologique avec des zones humides. Les zones humides sont précieuses lors d’événements extrêmes de plus en plus fréquents (sécheresse, inondations) : elles stockent naturellement l’eau et la restitue en saison sèche pour soutenir le débit des cours d’eau. Ce sont aussi d’importants réservoirs de biodiversité. Restaurer les zones humides, c’est ainsi reconquérir la biodiversité, recréer un corridor écologique et sauver les espaces de vie pour un grand nombre d’espèces. Il y aura notamment moins d’impact sur la faune piscicole et moins de barrages artificiels infranchissables par les poissons.

C’est une opération qui permet de protéger dans le même temps, les habitants, des crues.

Renaturation de la Cagne

Objectifs

  1. Renaturation de la Cagne (recolonisation des espèces vivantes)
  2. Restauration de la zone humide (plantation de végétaux)
  3. Création d’un lit naturel
  4. Reconquête de la biodiversité (réserve naturelle,  micro-forêt urbaine, faune piscicole : anguilles ; insectes…)
  5. Diminution du risque inondation du centre-ville

Un réservoir de biodiversité et un champ d’expansion naturel

Après une première phase de sécurisation et de balisage de la zone de chantier (déblaiement, nivellement), les travaux porteront sur la démolition des berges bétonnés et le re-talutage des berges afin d’adoucir la pente des berges. La végétalisation sera alors favorisée sur un tronçon de 195 mètres linéaire et le lit de la Cagne sera élargi jusqu’à 60 mètres. La rive gauche en pente douce deviendra une berge naturelle complantée de végétaux de type ripisylves qui permettra l’introduction au cœur du centre-ville d’une zone naturelle et d’un véritable réservoir de biodiversité. La zone située à proximité du parc des Canebiers deviendra un champ d’expansion naturel pour la rivière dans le cadre de fortes crues.  Les rives seront reconstituées à des fins de protection hydraulique.

Le lit du cours d’eau sera restauré et aura 1 mètre 50 de surface supplémentaire pour s’étendre : ce qui permettra la végétalisation de la berge de la rive droite.

Une démarche environnementale exceptionnelle soutenue par l’Europe, la Région et l’Agence de l’eau

Valorisation sur site des matériaux existants (Bois – Terre – Béton) – Empreinte carbone réduite – Charte Chantier Vert (limitation des nuisances) – Démarche environnementale (gestion des espèces invasives, pêche de sauvegarde, intervention hors période de frai).

L’opération est désignée comme exemplaire de restauration de la trame verte et bleue en milieu urbain. Son caractère structurant pour le territoire régional ayant été reconnu.

Elle est mise en valeur comme projet exemplaire dans programme européen  LIFE « Nature for City Life ou Nature en ville », porté par la Région.

Elle est érigée en modèle d’une démarche environnementale ambitieuse, innovante pour l’adaptation au changement climatique et la protection de la biodiversité dans le programme INTERREG EUROPE. Ce programme vise à améliorer la politique de cohésion par l’échange d’expériences, le transfert de bonnes pratiques et les initiatives conjointes entre gouvernements locaux et régionaux qui couvre tous les Etats membres de l’Union européenne ainsi que la Norvège et la Suisse.

Elle est désignée comme exemplaire par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse qui soutient et met en valeur des actions innovantes de renaturation des rivières et de lutte contre les inondations. Elle s’inscrit comme une opération pilote du Schéma directeur de la Cagne.

Un chantier durable

Terre : réemploi optimisé de la terre végétale issue des terrassements (déblaiement, nivellement)

Béton : démolition des éléments bétonnés puis réemploi du béton concassé en drainage des murs

Bois : réemploi du bois du parc : conception de mobilier, paillage et amendement des sols avec les broyats résiduels

Une restructuration du parc arboré

Des contraintes sanitaires et de sécurité

La vie d’un arbre est identique en milieu naturel et en milieu urbain, toutefois les contraintes spécifiques de la ville exigent un accompagnement attentif et le renouvellement des sujets selon les cas. L’arbre est un être vivant en interaction avec son environnement. En ville, les conditions de vie parfois inappropriées fragilisent l’arbre : sol non naturel (très minéralisé), manque d’eau, forte réverbération qui augmente ses besoins en eau, diverses agressions (chocs de la circulation, déversements de substances polluantes au pied de l’arbre, stress hydrique…). Le sous-sol étant très encombré par les réseaux, les racines disposent d’un espace réduit sous terre. Les plaies provoquées par des chocs peuvent devenir aussi des points de faiblesses ; les racines, le tronc, voire les branches peuvent être sensibilisés et dégrader la résistance mécanique de l’arbre.

Les arbres plantés en milieu urbain dépassent par ailleurs rarement 80 ans. Un arbre est en effet un être vivant : il vieillit, contracte des maladies, peut occasionner une gêne pour les usagers (piétons, automobilistes), un frein à des projets d’aménagements urbains même les plus vertueux et ne peut parfois pas être conservé.

Une campagne d’abattage rendue nécessaire pour des raisons phytosanitaires

Dans le cadre du projet de renaturation qui s’étend sur 9500m², des arbres seront impactés mais d’autres plus anciens, présentent des fragilités qui justifient un abattage pour raisons phytosanitaires (Diagnostic réalisé par Agrobio TECH). Vieillissants, les arbres peuvent en effet provoquer une gêne ou un danger sur l’habitat et l’espace public. En l’occurrence, les arbres du parc des Canebiers peuvent ne pas se développer normalement. Ils présentent des phases de régression (descente de cime…). L’espérance de vie des peupliers blancs est notamment très courte (80 ans) et il est important de regénérer la nature au cœur de cet espace par des arbres jeunes.

Dans une perspective de développement durable privilégiant l’entretien des variétés adaptées au dérèglement climatique et au climat méditerranéen, la sécurité pour les usagers, l’implantation optimale et la qualité paysagère, l’abattage est devenu indispensable. Ces arbres malgré leur apparente force, pour certains¹, se trouvent malmenés lors d’épisodes naturels (vent…) et mettent à mal la sécurité. Des mesures d’abattage s’imposent : ils seront remplacés avec de nouvelles plantations pour une meilleure sécurité et une qualité paysagère préservée.

¹ Fréquemment, des arbres malades et fragiles semblent sains en apparence. Les symptômes de déclin ne s’observent pas toujours de l’extérieur car la sève circule à la périphérie du tronc et le feuillage peut rester vert. Certaines pourritures racinaires peuvent également fragiliser l’arbre à sa base sans signe extérieur visible.

Disparition de 11 arbres

4 frênes et 7 peupliers blancs

2266 nouvelles espèces plantées

16 arbres tige
Acer campestre (Erable champêtre) Tige 18/20
Alnus glutinosa (Aulne glutineaux) Tige 18/20
Fraxinus angustifolia (Frêne oxyphylle) Tige 18/20
Quercus pubescens (Chêne pubescent) Tige 18/20

1600 boutures de Saules
Salix alba (Saule blanc)
Salix cinerea (Saule cendré)
Salix purpurea (Saule pourpre)

450 jeunes plants ligneux
Alnus glutinosa (Aulne glutineaux)
Cornus sanguinea (Cornouller sanguin)
Euonymus europaeus (Fusain d’europe)
Fraxinus augustifolia (Frêne oxyphylle)
Salix alba (Saule blanc)
Salix purpurea (Saule pourpre)
Sambucus nigra (Sureau noir)

200 baliveaux (jeunes arbres de 2 à 4 ans)
Alnus glutinosa (Aulne glutineaux)
Fraxinus augustifolia (Frêne oxyphylle)
Fraxinus ornus (Frêne à fleurs)
Salix purpurea (Saule pourpre)
Salix triandra (Saule à 3 étamines)
Malus sylvestris (Pommier sauvage)
Pyrus communis (Poirier sauvage)

Principes de renaturation et de la forêt urbaine : explications

Zone du lit de la cagne
  • Dans le lit de la rivière, il s’agit de reconstituer un milieu naturel, qui s’appuie sur une dynamique de régime fluvial. Le sol du lit de la rivière est alluvionnaire épaulé sur des risbermes qui ne constituent pas un sol fertile « classique » mais un matelas alluvial non stabilisé capable d’accepter les réajustements naturels.
    L’implantation d’une végétation dans ce lit renaturé est alors basée sur un procédé de génie végétal qui fonctionne en introduisant un capital végétal, sous forme de semi, de boutures, et jeunes plants d’essences adaptées à ce milieu. Ce capital de départ va stabiliser le lit de la rivière et évoluer au grès des fluctuations du régime hydraulique de la Cagne.
  • Les plantations de plus grands sujets n’est pas possible pour la renaturation d’un lit de rivière car elle nécessiterait la constitution d’un sol fertile et ne résisterait pas à un régime de crue. C’est tout l’objet de la reprise d’étude qui a été opérée pour faire évoluer le projet d’une conception de paysage classique à un projet de renaturation basé sur le génie végétal.

La frange boisée qui a été ajoutée par la suite le long de la rive gauche se trouve en dehors du régime de crue et peut donc accueillir des arbres plus « classiques », avec une diversité plus grande d’essences, et plantée dans un sol fertile constitué de terre végétale. En dehors de cette zone de régime fluvial, il n’y a plus de risques d’affouillement du sol ou d’embâcle.

Zone de forêt urbaine

L’idée ici est de renforcer la vocation de réserve de biodiversité en clôturant avec des ganivelles cet espace, afin d’interdire son accès.

Un bosquet de peuplier y sera conservé et complété par une forêt urbaine (méthode de Akira Miyawaki) Le principe étant de planter des jeunes sujets de manière denses 3 u/m², ce qui induit une pousse rapide des plants avec une grande concurrence, et qui aboutit à une sélection naturelle au bout de quelques années ou seules les essences le plus adaptés survivent. Cette méthode permet l’instauration d’un écosystème riche propice à la biodiversité.

La méthode explicitée ici : https://urban-forests.com/methode-miyawaki/

En complément pour garantir une présence végétale à la livraison, quelques sujets déjà développés sont ajoutés au sein de cette plantation de baliveaux.

Une nouvelle vie pour les arbres

La gestion durable du bocage s’inscrit dans le chantier de renaturation : le bois extrait des arbres sera par exemple utilisé pour concevoir du mobilier urbain et le broyage des arbres abattus sera utilisé pour le paillage des plantations sur site ou sur d’autres espaces : le broyat se décomposera et enrichira ainsi les sols.

Planning prévisionnel

Les travaux se sont déroulés de février à décembre 2022

5 phases
  1. Sécurisation et de balisage de la zone de chantier (déblaiement, nivellement)
  2. Déviation de la Cagne hors périodes de frai des poissons,
  3. Travaux de démolition et reconstruction du mur de la rive droite (à noter : 3000m2 impacté sur le parking de la Villette pour le stock de matériau propre soit 130 places)
  4. Restauration du lit naturel du cours d’eau
  5. Végétalisation de la Cagne renaturée et plantation d’une micro-forêt le long de l’autoroute.
2 945 000€ TTC
Les partenaires

– L’union Européenne Avec le Fonds Européen de Développement Régional, à hauteur de 1 690 000 € HT
– La Région SUD, CRET PACA, à hauteur de 240 000 € HT
– L’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse à hauteur de 40 000 € HT