Accueil › Il était une fois… Cagnes › L’œillet, la star Cagnoise
Vers la fin des années 1870, les agriculteurs ne sont plus paysans, ni jardiniers, mais horticulteurs spécialisés et leur travail est devenu un art.
De Cagnes à tout l’arrière-pays, ces artistes modestes et inconnus transforment le sol, embellissent la terre et cultivent avec amour, des fleurs au parfum subtil.
La culture des œillets allait prendre un foudroyant départ mais elle imposait un dur labeur à ceux qui ont choisi d’en vivre. Laborieux sont ces Cagnois aux mains expertes qui des collines incultes ont fait ces odorantes terrasses de fleurs où les œillets sont prisonniers entre des cannes refendues.
Ces fleurs sont envoyées dans toute l’Europe. La qualité est la règle.
La majorité des œillets était envoyée pour approvisionner les parfumeries de Grasse.
L’œillet va devenir la culture prépondérante pour les horticulteurs cagnois, les collines sont couvertes de cette « fleur de Jupiter », comme la nommaient les Romains.
Cultivée en terrasses le long des vallons de la Cagne et du Malvan, elle donne à ce délicieux pays son charme et son parfum subtil et poivré.
Leur culture se faisait sous paillasson, que l’on roulait ou déroulait à certains moments de la journée, suivant le froid ou l’ensoleillement. On guettait les gelées hivernales ou printanières pour garantir la floraison délicate. Ce n’est que bien longtemps après que les horticulteurs commencèrent à construire des serres.
« En 1909, la compagnie PLM achemine un colis de fleurs de Nice vers Paris en 15 heures. Elle comprit vite le parti qu’elle pouvait tirer du développement du commerce de la fleur et permit aux colis des négociants de prendre place dans les fourgons de ses trains « éclairs ». Cette même année, trois trains journaliers emportent les fleurs et le train 3832 comprend 12 à 15 wagons remplis exclusivement de fleurs. ».
Lorsque la fleur est destinée au marché local, elle ne requiert aucune préparation particulière. En revanche, si elle doit être expédiée, on procède à son emballage. En 1930 déjà, le carton concurrence fortement le panier en canne de Provence (une fabrique était installée route de Verdun). Les fleurs qui ne sont pas destinées à être expédiées, ou le sont par l’intermédiaire d’un grossiste, sont vendues sur les marchés locaux.
Le train des fleurs fut créé le 22 mai 1901, il partait de Cagnes à 3 heures du matin. : une motrice et un fourgon aménagé de claies sur lesquelles pouvaient être déposées les fleurs sans être empilées. Il s’arrêtait en n’importe quel point de son parcours sur simple demande. Des 1932, des wagons frigorifiques furent mis en service. (1 BIB189 Mémoires en Images Tome 3- p.101 – Paule MONACELLI)
Après la seconde guerre mondiale, la vie reprit petit à petit et la culture des œillets avec. Premières fleurs de la région cagnoise, on pouvait la trouver aux Bréguieres, Caucours, Collettes, Hubac, Saint-Véran, Val fleuri et enfin au Vallon des Vaux.
Jusque dans les années 60, les collines étaient couvertes d’œillets à 95 %. Quand tout était fleuri, les collines éclataient de merveilleuses couleurs. C’était extraordinaire ! En juin, on ramassait les têtes d’œillets fleuris pour les envoyer aux parfumeries à Grasse. Le soir ; quelqu’un passait faire le ramassage. La récolte était pesée. Elle durait 15/20 jours. La cueillette des œillets se terminait après la fête des mères. (Le Cros-de-Cagnes « Au berceau de la mer » 1 BIB392 -.p.159 – Roselyne CHOMIKI)